Maurice Rollinat et les serpents

 

 

(Texte lu à plusieurs voix avec des poèmes mis en musique par Michel Caçao, le 17 novembre 2012 à Argenton-sur-Creuse, dans le cadre de la soirée de poésie des journées annuelles de l’association des Amis de Maurice Rollinat.)

 

 

Si les serpents hypnotisent leurs proies, Maurice Rollinat, lui, nous fascine en les décrivant. Il a aimé les côtoyer, les approcher, les respecter dans l’intimité de leur vie ou de leur vieillesse. Il s’en est servi pour mettre en avant, la nature, le frisson ou l’épouvante, le fantastique ou le morbide. Citons une phrase de Maurice Rollinat au sujet d’un de ses poèmes « Les Serpents », phrase qui reflète sa passion pour ces bêtes insolites : « Je vous envoie Les Serpents. – Qu’en pensez-vous ? – Que de ferveur j’ai mise à composer cette grande pièce, mais aussi que de travail et de méditation ! – Enfin ! J’ai fini ! J’ai grand besoin de me reposer. » (Lettre à son ami Raoul Lafagette, du 26 août 1878, collection particulière)

Si Maurice Rollinat a mis en musique, le poème de Baudelaire, « Le Serpent qui danse » (Les Fleurs du mal), ce n’est pas un hasard. Maurice Rollinat est comme envoûté par ces reptiles souvent peu appréciés. Lui qui aime frissonner, faire peur, il apprécie de les observer et c’est ainsi qu’il a composé de nombreux poèmes sur ce sujet.

Dans la famille de ce poète, son cousin Raymond Rollinat, herpétologue (c’est-à-dire celui qui étudie les reptiles et les amphibiens), avait aussi la passion des animaux que nous pouvons considérer bizarres ou repoussants, serpents, lézards, grands-ducs… (Jean-Mary-Couderc, Régis Miannay, Le Berry insolite, p. 119). À travers Le Berry insolite coécrit par Jean-Mary Couderc et Régis Miannay, retrouvons ce fameux cousin. Raymond Rollinat (1859 – 1931), naturaliste, qui habitait dans une maison à Argenton-sur-Creuse, place du Champ de Foire.

M. Jean-Mary Couderc, Président de l’Académie de Touraine et membre de notre association, nous donne des détails savoureux sur Raymond Rollinat : il nourrissait les reptiles à la main ; ceux-ci venaient prendre les insectes sur ses lèvres (id., p. 120 à droite). Pour mieux observer les animaux, il avait mis une cage à côté de son lit pour ne pas rater la ponte nocturne d’un reptile. Chaque animal mangeait selon son espèce (id., p. 121), « (…) les petits lézards ne mangeaient que des vers de farine, des mouches ou des pucerons. Raymond Rollinat entretenait donc une troupe d’enfants pourvoyeurs qu’il fallait rémunérer … » (id., p. 121 en haut à gauche) « Pendant quarante ans sa cistude l’attendait chaque matin de la belle saison à sa porte, de même ses lézards familiers accourant à sa vue ou au bruit de son piège à blattes employé comme claquoir. Même l’agressive couleuvre verte et jaune avait fini par demeurer tranquille entre ses mains. » (id., p. 122 en bas à gauche) Il publie ses observations et trouvailles. Son livre le plus important, La vie des reptiles de la France centrale réédité deux fois, eut beaucoup de succès (p. 122 au milieu en bas). Ses travaux furent récompensés par le prix de la Société Nationale d’Acclimatation de France (id., p. 121 à droite) en 1921.

Nous ne nous étonnons plus alors de l’attrait de Maurice Rollinat pour ces bêtes. C’était certainement un trait familial.

Mais retournons à notre sujet, les serpents au sens large du terme, englobant les couleuvres, les lézards et tous les apparentés proches. Abordons leur représentation à travers l’œuvre de Maurice Rollinat.

 Maurice Rollinat vénère le serpent et le réhabilite à sa manière. Il peut le décrire dans la simplicité de sa vie comme dans « Le lézard ».

LE LÉZARD

Sur le vieux mur qui se lézarde,
Que de lézards gris ! ça fourmille !
Quand je m’en vais dans la charmille,
Toutes les fois je les regarde.

L’un d’eux sur ma main se hasarde,
Car moi, je suis de la famille.
Sur le vieux mur qui se lézarde
Que de lézards gris ! ça fourmille !

Je n’ai point la mine hagarde
Pour la bestiole gentille,
Et c’est en paix qu’elle frétille,
Se sachant bien en bonne garde
Sur le vieux mur qui se lézarde.

(Dans les Brandes, pp. 143 et 144)

Il peut le plaindre dans « La Vipère » : « Pauvre serpent, montre ta tête (…) » (Dans les Brandes, p. 143). Il a pitié du mal aimé comme d’un humain et son poème a des accents proches de ceux de Gérard de Nerval, dans « El Desdichado », le mal aimé : « Je suis le ténébreux, – le veuf, – l’inconsolé, (…). » (Gérard de Nerval, Les Chimères et les Cydalises, p. 27)

LA VIPÈRE

Pauvre serpent, montre ta tête
Aplatie et triangulaire.
Par ce soleil caniculaire
Dors en paix, formidable bête !

Tu siffles comme une tempête,
Mais j’ai pitié de ta colère.
Pauvre serpent, montre ta tête
Aplatie et triangulaire !

C’est bien doux qu’ici je m’arrête :
Sans te bénir, je te tolère,
Car aujourd’hui l’amour m’éclaire,
Et j’en ai l’âme toute en fête.
Pauvre serpent ! montre ta tête !

(Dans les Brandes, pp. 145 et 146)

Dans « La jarretière », la sensualité domine ; le frisson devient doux et charnel à travers l’image de cette jeune fille qui désenroule la couleuvre du haut de sa jambe avec beaucoup de naturel. Rollinat décrit la scène en maintenant le suspense.

LA JARRETIÈRE

Cette vipère de buisson
D’une grosseur surnaturelle
Jarretiérait la pastourelle
Qui dormait, un jour de moisson.

Au froid de ce vivant glaçon,
Elle ouvrit l’œil et vit sur elle
Cette vipère de buisson
D’une grosseur surnaturelle.

Comment oublier la façon
Dont la mignonne enfant si frêle,
Pâle, du bout de mon ombrelle,
Désenroula sans un frisson
Cette vipère de buisson !

(Dans les Brandes, pp. 224 et 225)

Maurice Rollinat peut se servir du serpent pour symboliser la traîtrise en la rapprochant de celle de la femme qui l’a déçu mais il oublie alors qu’il se comporte de la même manière. Son cri « Fuis la femme, crains la vipère, » dans « Les deux Serpents » est représentatif de cet état d’esprit.

LES DEUX SERPENTS

A Fernand Icres.

Fuis la femme, crains la vipère,
En tout lieu, en toute saison,
Et prends garde à leur trahison,
Même à l’heure où ton âme espère !

Ces deux serpents-là font la paire :
L’Amour est jumeau du Poison.
Fuis la femme, crains la vipère,
En tout lieu, en toute saison !

Avec le soupçon pour compère,
Avec la mort pour horizon,
Cours la Vie ! et que la Raison
Soit toujours ton point de repère !
Fuis la femme, crains la vipère !

(Les Névroses, p. 109)

Dans le sonnet « Le Lait de Serpent », il unit la plainte de la dégradation physique liée à l’âge à celle de l’approche de la mort. Le terme « lait » peut prêter à confusion, nous faisant penser à l’aliment nourricier de la mère alors qu’il n’est ici que la sève d’une plante représentée de manière maternelle, redonnant vie à celui qui peine à se nourrir seul. Maurice Rollinat nous apitoie sur le sort du serpent, « Le serpent est si vieux, si voisin de la mort, (…) Il végète enfoui comme un ancien remord. ». Il exprime ainsi indirectement son sentiment d’incompréhension, de rejet et de mort.

LE LAIT DE SERPENT

A Fernand Icres.

Le serpent est si vieux, si voisin de la mort,
Qu’il ne sort presque plus de son triste repaire,
Où, n’ayant désormais que l’ennui pour compère,
Il végète enfoui comme un ancien remord.

A la longue sa faim s’irrite et s’exaspère,
Mais une herbe laiteuse et d’un facile abord
Nourrit l’infortuné reptile qui se tord,
Et lui verse l’oubli de son passé prospère.

Aussi, quand le soleil le galvanise un peu,
Il se traîne auprès d’elle en rampant comme il peut,
Et, tout las d’avoir fait ce voyage d’une aune,

Le pauvre vieux serpent famélique et gelé,
Avec des succions de vampire essoufflé,
Pompe et bibe le lait de la plante à fleur jaune.

(Les Névroses, p. 193)

Dans « Les Serpents », tout pourrait être nature calme et sauvage si n’apparaissait « Oh, le serpent ! Le si fantastique animal » qui nous remet dans l’ambiance si personnelle de ce poète avec ces reptiles repoussants : « On les voit se traîner aux abords de leurs trous, / Onduleux chapelets de vertèbres qui rampent. » Entre vision squelettique et « lueur magnétique », Maurice Rollinat a l’art de traduire en mots, cet état d’esprit pour nous hypnotiser comme cette bête. La mort est exprimée par « des regards aussi froids que des lames ». Les mots « épouvantés », « yeux aimantés », « mourir de peur », « Hideux comme la Mort et beau comme Satan » ne sont pas sans nous rappeler Les Fleurs du mal de Baudelaire tandis que les mots « fantôme », « crime », « l’abîme visqueux » créent une ambiance à la Edgar Poe. La traîtrise n’est pas loin avec « perfide », « venin fatal », « tortueux frisson » dans le crescendo de l’angoisse envahissante. De temps en temps, surgit une image plus proche du rêve : « Des rubans d’acier bleu lamés de pierreries », « Complices de la ronce et des cailloux coupants » mais il ne faut pas s’y fier car très vite l’ambiance mortuaire et visqueuse revient. Pour Rollinat, il n’y a pas d’animal tabou. Il aime côtoyer le serpent tel qu’il est, avec son venin. Magnétisme, mal, froideur, crime, satanisme sont des maîtres mots à la Edgar Poe mais l’empreinte de Rollinat est présente dans le concret solide de la description de la nature et même dans la déchéance hivernale.

LES SERPENTS

Auprès d’une rivière où des broussailles trempent,
Dans des chemins perdus, monticuleux et roux,
On les voit se traîner aux abords de leurs trous,
Onduleux chapelets de vertèbres qui rampent.

Oh, le serpent ! Le si fantastique animal
Qui surgit brusquement des feuilles ou des pierres
Et qui laisse couler de ses yeux sans paupières
La lueur magnétique et féroce du mal !

Car il a des regards aussi froids que des lames,
Qui tiennent en arrêt les moins épouvantés ;
Car il pompe l’oiseau de ses yeux aimantés
Et fait mourir de peur les crapauds et les femmes.

Hideux comme la Mort et beau comme Satan
Dont il est le mystique et ténébreux emblème,
Son apparition rend toujours l’homme blême :
C’est le fantôme auquel jamais on ne s’attend.

Et tandis que suant le crime et le mystère,
Tout un perfide essaim du monde végétal
Recèle inertement plus d’un venin fatal,
Il est le charrieur des poisons de la terre.

Le talus, le fossé, l’ornière, le buisson
Brillent de sa couleur étincelante et sourde ;
Et la couleuvre agile et la vipère lourde
Allument dans la brande un tortueux frisson.

Il en est dont la peau, comme dans les féeries,
Surprend l’œil ébloui par de tels chatoîments
Qu’on dirait, à les voir allongés et dormants,
Des rubans d’acier bleu lamés de pierreries.

Complices de la ronce et des cailloux coupants,
Ils habitent les prés, les taillis et les berges ;
Et l’on voit dans l’horreur des grandes forêts vierges
Maints troncs d’arbres rugueux cravatés de serpents.

Là, non loin du python qui fait sa gymnastique,
Le boa, par un ciel rutilant et soufré,
Digère à demi mort quelque buffle engouffré
Dans l’abîme visqueux de son corps élastique.

En hiver le serpent s’encave dans les rocs ;
Il va s’ensevelir au creux pourri de l’arbre,
Ou roule en bracelet son pauvre corps de marbre
Sous les tas de fumier que piétinent les coqs.

Mais après les frimas, la neige et les bruines,
Il gagne les ravins et le bord des torrents ;
Il remonte le dos écumeux des courants
Et grimpe, ainsi qu’un lierre, aux vieux murs en ruines.

Comme un convalescent par les midis bénins,
Parfois il se hasarde et rôde à l’aventure,
Impatient de voir s’embraser la nature
Pour mieux inoculer ses terribles venins.

Alors du fouillis d’herbe au monceau de rocailles,
Bougeur sobre et muet, sournois et cauteleux,
Il rampe avec lenteur et s’arrête frileux
Sous le soleil cuisant qui fourbit ses écailles.

Solitaire engourdi qu’endort l’air étouffant,
Il écoute passer la brise insaisissable ;
Et les crépitements d’insectes sur le sable
Bercent son sommeil long comme un sommeil d’enfant.

Réveillé, le voilà comme une ombre furtive
Qui se dresse en dardant ses crochets à demi,
Et qui, devant la proie ou devant l’ennemi,
Siffle comme la bise et la locomotive.

Mais il aime le sol et la lumière ; il est
Le frôleur attendri des menthes et des roses ;
Sa colère se fond dans la douceur des choses,
Et cet empoisonneur est un buveur de lait.

Aussi l’infortuné reptile mélomane
Qui se tord sous le poids de sa damnation
M’inspire moins d’effroi que de compassion :
J’aime ce réprouvé d’où le vertige émane.

Et quand j’erre en scrutant le mystère de l’eau
Qui frissonne et qui luit dans la pénombre terne,
J’imagine souvent au fond d’une caverne
Les torpides amours du Cobra-Capello.

(Les Névroses, pp. 194 à 197)

De même, au début du poème « Le Pacage », Rollinat transforme le pâturage boueux en un univers « gigantesque », « mystérieux » et « fantastique » :

Couleuvre gigantesque il s’allonge et se tord,
Tatoué de marais, hérissé de viornes,
Entre deux grands taillis mystérieux et mornes
Qui semblent revêtus d’un feuillage de mort.
(…)

(Dans les Brandes, p. 85)

À l’opposé des serpents, les lézards verts sont pour lui, de « bons » animaux même s’il sait qu’ils sont souvent près du « reptile pervers / Qui s’enfle de poisons tous les hivers » :

BALLADE DES LÉZARDS VERTS

A Saint-Paul Bridoux.

Quand le soleil dessèche et mord le paysage,
On a l’œil ébloui par les bons lézards verts :
Ils vont, longue émeraude ayant corps et visage,
Sur les tas de cailloux, sur les rocs entr’ouverts,
Et sur les hauts talus que la mousse a couverts.
Ils sont stupéfiés par la température ;
Près d’eux, maint oiselet beau comme une peinture
File sur l’eau dormante et de mauvais conseil ;
Et le brin d’herbe étreint d’une frêle ceinture
Leurs petits flancs peureux qui tremblent au soleil.

Puis, ils gagnent après tous leurs circuits d’usage
Les abords des lavoirs toujours si pleins de vers ;
Aux grands arbres feuillus qui font le tamisage
De l’air en feu stagnant sur tant de points divers,
Ils préfèrent les houx chétifs et de travers.
Lazzaroni frileux des jardins sans culture,
Côtoyeurs du manoir et de la sépulture,
Ils s’avancent furtifs et toujours en éveil,
Dès qu’un zéphyr plus frais lèche par aventure
Leurs petits flancs peureux qui tremblent au soleil.

Par les chemins brûlés, avides d’arrosage,
Et dans les taillis bruns où cognent les piverts,
Ils s’approchent de l’homme, et leur aspect présage
Quelque apparition du reptile pervers
Qui s’enfle de poisons pendant tous les hivers.
Un flot de vif-argent court dans leur ossature
Quand ils veulent s’enfuir ou bien chercher pâture ;
Mais parfois, aplatis dans un demi-sommeil,
Ils réchauffent longtemps, sans changer de posture,
Leurs petits flancs peureux qui tremblent au soleil.

ENVOI

O Crocodile ! Œil faux ! Mâchoire de torture,
Apprends que je suis fou de ta miniature.
Oui ! J’aime les lézards, et, dans le jour vermeil,
J’admire, en bénissant l’Auteur de la nature,
Leurs petits flancs peureux qui tremblent au soleil.

(Les Névroses, pp. 198 et 199)

Dans le même registre, citons « La salamandre », amphibien légendaire que l’on croyait incombustible et vivant dans le feu et même s’y baignant, et ne mourant que lorsque celui-ci s’éteignait. Ce symbole ne pouvait qu’attirer le poète. Une autre légende en fait un animal possédant du venin ce qui n’est pas le cas. La salamandre, inoffensive et facilement reconnaissable par sa forme, pourrait être confondue avec un lézard, mais elle est dodue, brillante, et de couleur noir tachetée de jaune. Les dessins qu’elle porte sur son dos sont en quelque sorte sa carte d'identité ; en effet chaque salamandre possède un dessin différent, celui-ci ne variant pas dans le temps. (http://www.univers-nature.com/dossiers/ salamandre.html)

Dans ce poème, Rollinat exprime tout d’abord, son bien-être dans la nature, « Il pleut, / Mais si doux ! » mais le poète du frisson revient peu à peu et termine sur une note typique dans ses créations : « l’Esprit malin / Doit se changer en salamandre ».

LA SALAMANDRE

Je reviens, comme j’ai coutume,
Par le chemin des bois. Il pleut,
Mais si doux ! Le ciel, toujours bleu,
Rit à l’air que le vent parfume.

Sur le sol charbonneux s’embrume
Un brasier qui meurt peu à peu.
Çà et là, brûlant comme il peut,
Du rondin noirci claque et fume.

Tout à coup surgit au milieu,
D’un jaune que la braise allume,
Un gros lézard-crapaud qui hume
La respiration du feu.

On dirait qu’il trouve aux tisons
La même fraîcheur qu’aux gazons,
Et je me dis, sans m’en défendre,
Aux cris du hibou qui se plaint,
Que certains soirs l’Esprit malin
Doit se changer en salamandre.

(Les Bêtes, pp. 45 et 46)

Satan n’est jamais loin dans les écrits de Rollinat ; dans la gueule grande ouverte du serpent, Rollinat trouve l’expression du Mauvais, nous conviant au fantastique, à « l’effarement », à l’horreur puis à l’oubli de l’acte « Puis le sommeil reprit le hideux animal. » Alors Rollinat se met dans la peau de la victime : « La grenouille, c’est moi ! Le serpent, c’est le mal ! »

LA GUEULE

O fatale rencontre ! au fond d’un chemin creux
Se chauffait au soleil, sur le talus ocreux,
Un reptile aussi long qu’un manche de quenouille.
Mais le saut effaré d’une pauvre grenouille
Montrait que le serpent ne dormait qu’à moitié !
Et je laissai, l’horreur étranglant ma pitié,
Sa gueule se distendre et, toute grande ouverte,
Se fermer lentement sur la victime verte.
Puis le sommeil reprit le hideux animal.
La grenouille, c’est moi ! Le serpent, c’est le mal !

(Dans les Brandes, p. 105)

Rollinat s’intéresse au maudit, au « mélancolique », près de ce qui nous repousse habituellement, la souffrance, l’horrible, le « hideux, » le « poison », la mort, le lugubre, l’affolement, mots ou idées que Rollinat reprend dans le poème « La ruine maudite » :

LA RUINE MAUDITE

De tous côtés, la ronce, effroyable broussaille,
Grimpe férocement au long de la muraille.
Sur un long banc de pierre, affreux comme un tombeau,
Mélancoliquement médite un vieux corbeau.
Un grand saule, courbé comme un homme qui souffre,
Baigne ses cheveux verts dans un horrible gouffre
Qui dort plein de mystère et de lents grouillements.
L’eau clapote, et l’on voit de moments en moments
Une forme d’aspic, qui vaguement s’efface,
Parfois entre les joncs bouger à la surface.
Des champignons hideux, suppurant le poison,
Poussent lugubrement aux coins de la maison,
Et le reptile meurt à côté de leur tige.
Un puits, dont l’aspect seul donnerait le vertige,
Ouvre sa large gueule au milieu de la cour.
Un énorme lézard sur la margelle court
Et cherche sous la brume, affolé, presque roide,
Un rayon de soleil pour chauffer sa peau froide.

(Dans les Brandes, pp. 110 et 111)

Maurice Rollinat décrit une scène champêtre ordinaire dans « L’Idiot » « qui charme les vipères ». Le poète sait nous donner le frisson car tout est décrit avec tant de naturel dans un univers où homme et serpent vivent en symbiose comme « de vieux compères ».

L’IDIOT

L’idiot vagabond qui charme les vipères
Clopine tout le jour infatigablement,
Au long du ravin noir et du marais dormant,
Là-bas où les aspics vont par troupes impaires.

Quand l’automne a teinté les verdures prospères,
L’œil fixe, avec un triste et doux balancement,
L’idiot vagabond qui charme les vipères
Clopine tout le jour infatigablement.

Les serpents endormis, au bord de leurs repaires,
Se réveillent en chœur à son chantonnement,
Et venant y mêler leur grêle sifflement
Suivent dans les chemins, comme de vieux compères,
L’idiot vagabond qui charme les vipères.

(Les Névroses, p. 200)

Dans « La couleuvre », nous admirons la finesse de description. Ce poème est composé de sizains sur cinq pages, contenant un rythme endiablé, volontairement haché, cassé par l’alternance d’un vers court de cinq pieds et d’un vers long de huit pieds, donnant une impression de boiterie, de malaise. Maître du frisson et du rêve, Maurice Rollinat nous entraîne dans cet univers fantastique. Tout d’abord, il décrit la bête avec élégance comme un portrait de femme : « La grande couleuvre argentée / Là, sans se mouvoir, / Gît tout de son long – cravatée / D’un beau collier noir. » L’ensorcellement domine à côté du serpent « Emeraudé, jaune topaze », « en extase ». Bien sûr il n’est pas étonnant avec ce poète que les « couronnes / Qu’on fait pour les morts » fassent partie du tableau vers une vision à la fois calme et satanique : « Sa petite langue de flamme / Electriquement, / Et se réengourdit, se pâme / D’assoupissement. »

LA COULEUVRE

Sa prudence a fui le mystère

Du bois, du ruisseau,

Pour l’aridité solitaire.

Couchée en biseau,

Fourbue, elle s’étale à terre,

Sous un arbrisseau.

Buvant la lumière enchantée

D’un glorieux soir,

La grande couleuvre argentée

Là, sans se mouvoir,

Gît tout de son long – cravatée

D’un beau collier noir.

Le serpent luit sur l’herbe rase

Dont le chaud lui plaît,

Emeraudé, jaune topaze,

Brun et violet.

De toute la bête en extase

Vibre du reflet.

Avec un silence magique,

Et si piano

Que c’en est presque léthargique,

Elle arque son dos,

Insensiblement se tournique,

Roule ses anneaux.

Coulante et lourde, elle environne

De mouvements tors

L’arbuste qu’elle ceinturonne

Des nœuds de son corps.

Telle, elle imite ces couronnes

Qu’on fait pour les morts.

Elle darde, exprimant son âme

En ravissement,

Sa petite langue de flamme

Electriquement,

Et se réengourdit, se pâme

D’assoupissement.

Le sommeil prend dans ses ténèbres

Toute la longueur

De ces chapelets de vertèbres

Ivres de langueur.

L’ombre et les rayons qui la zèbrent

La bercent en chœur.

Elle dort ainsi, quand, vivace,

Brusque tout à coup,

Elle tressaille, se déplace,

Et, dressant le cou,

Siffle, écoute, se désenlace,

Regarde partout.

Pour l’heure, elle ne veut plus, certe,

Dormir ou songer :

C’est sûrement la découverte

D’un grave danger

Qui la rend si soudain alerte

Pour déménager.

Puis, son rampement s’accélère,

Tout l’être en travail,

Elle exhale avec sa colère

Une senteur d’ail ;

Prenant dans la rougeur solaire

Des tons de corail.

Où fuir ? Sa vue ici n’accroche

Ni trou, ni recoin.

Autour d’elle ni bois, ni roche.

Et l’onde est si loin !

Qu’importe ! L’ennemi s’approche...

Le voilà qui point...

Alors, tout debout sur sa queue,

Ondulant, d’un trait,

Elle fait plus d’un quart de lieue,

Et, sans un arrêt,

Se jette à la rivière bleue,

Rentre en sa forêt !

(Les Apparitions, pp. 110 à 114)

Dans « Le serpent », là encore, nous pouvons imaginer un Rollinat musicien battant la mesure et nous sommes entraînés dans un rythme inhabituel de quatrains composés de deux alexandrins enserrant deux octosyllabes, peut-être pour mieux faire ressortir la traîtrise de la scène. Le rythme se casse en final avec deux strophes de trois vers de deux alexandrins et d’un vers boiteux de neuf pieds. Rollinat se sert de cette musique pour augmenter l’impression dramatique et nous faire comprendre la scélératesse omniprésente de l’homme, bien pire que celle du serpent : « Tu verras que sur terre, en fait de scélérats, / Tes pareils sont les plus à craindre ».

LE SERPENT

Tordu sous les pieds joints de la madone fière

Qui l’écrase d’un air vainqueur,

Le serpent s’anime, et, moqueur,

Siffle et darde ces mots à la fille en prière :

 

« – Créé pour le poison, malgré moi j’en suis l’hôte

Et l’insinuateur fatal,

Tandis que l’homme libre est conscient du mal

Qu’il pense et commet par sa faute.

 

Prends la Nature pour Église

Et son murmure pour sermon,

Tu sauras si le vrai démon

C’est bien moi qui le symbolise.

 

Clémente aux animaux, quand tu les connaîtras,

Tu verras que sur terre, en fait de scélérats,

Tes pareils sont les plus à craindre :

 

Et, moi que tu maudis… qui sait ? peut-être un jour

Excusant mon venin par celui de l’Amour,

Ton cœur finira par me plaindre. »

(Les Apparitions, pp. 115 et 116)

Dans la villanelle « Le Vieux Serpent », nous nous imprégnons de la fascination du poète pour cet animal à côté de l’étroitesse du cœur, du remords et de la mort, ensemble exacerbé par le leitmotiv toutes les deux strophes, « La lubrique scélératesse ». Le serpent, bête à écraser, sifflante, prête à mordre, est l’ennemi à vaincre.

LE VIEUX SERPENT

Dans le ravin de la tristesse
Peut-elle nous faire du tort,
La lubrique scélératesse ?

Le cœur plane sur l’étroitesse
Humaine ! Ame et chair sont d’accord
Dans le ravin de la tristesse !

Le Rêve y courbe Son Altesse
Devant Sa Majesté la Mort !
La lubrique scélératesse ?

Allons donc ! quelle poétesse
Pourrait nous rimer du remord
Dans le ravin de la tristesse ?

Mais sous sa toute petitesse
On n’a pas deviné d’abord
La lubrique scélératesse

Qui de loin, lente avec prestesse,
Nous suit au milieu comme au bord,
Dans le ravin de la tristesse.

Puis, outre sa délicatesse,
Sa patience et son ressort,
La lubrique scélératesse

A déférence et politesse
Envers les éclopés du sort,
Dans le ravin de la tristesse.

Sachant que malgré sa rudesse,
Notre chagrin n’est pas bien fort,
La lubrique scélératesse

Siffle avec tant de morbidesse
Qu’on en éprouve un réconfort
Dans le ravin de la tristesse.

Tandis qu’elle gagne en vitesse
Toujours plus, toujours plus encor
La lubrique scélératesse,

La pessimiste prophétesse
La Prudence flâne et s’endort
Dans le ravin de la tristesse.

Bref, on reprend sa vieille hôtesse ;
Sur notre âme, elle se retord
La lubrique scélératesse.

On l’écrasera ! Mais quand est-ce ?
En attendant, elle nous mord
Dans le ravin de la tristesse
La lubrique scélératesse.

(L’Abîme, pp. 109 à 112)

Dans « Études de Vipères », Maurice Rollinat tel un dessinateur fait de nombreuses esquisses pour mieux saisir la globalité de l’animal ; il cisèle ses vers entre le cadre, « Les horizons », « La pierre », « un rayon de soleil », « l’arbre » et le reptile mis en première place dans un réalisme minutieux, plein de vie « sautillement ailé », « coup sec », « sifflement pointu » et de mouvement : « La vipère tressaille », « Sa queue et son museau, – se gonfle, se desserre, / Comme pour soulever de ses mouvements froids », « elle se décourbe ». Il la montre inerte et sur le qui-vive, à la chasse d’un mulot puis d’un oiseau. Maurice Rollinat ne nous fait grâce d’aucun détail, nous hypnotisant avec « Sa languette fourchue ainsi qu’une flammette, », son magnétisme, l’effroi de sa proie, vers « La fascination fixe de ses yeux froids » et l’acte final.

ÉTUDES DE VIPÈRES

Aux premiers rayons chauds sur les premiers feuillages !
Quand, rebariolés de leurs verts tatouages,
Les horizons déjà luisent dans la vapeur,
La vipère tressaille au fond de sa torpeur :
Puis, en se ranimant, par degrés, elle acère
Sa queue et son museau, – se gonfle, se desserre,
Comme pour soulever de ses mouvements froids
La pierre qui la tient si plate sous son poids.
Son désenroulement que la crainte retarde
S’opère enfin. – Sa tête avec lenteur se darde
Par la fissure où filtre un rayon de soleil ;
La chaleur du dehors achève son réveil,
Et la bête choisit un coin tiède et s’y love
Pour cuver son venin que le printemps rénove.

Ayant replié sa queue et son chef
Elle ébauche ainsi la forme d’un f,
En plein marais vide où sèche la bourbe,
D’un noir si luisant qu’elle est en relief
Sur le charbonneux amas de la tourbe.
Soudain, des deux bouts, elle se décourbe,
Surprend ce mulot, siffle, et, sans grief,
Le pompe à longs traits encor, derechef,
Et ferme sur lui sa gueule de fourbe.

Tout enroulée autour d’un chardon qu’elle étrangle,
Ne montrant que le bout de sa tête en triangle,
Elle reste muette et des heures au pied
De l’arbre où ses regards montent pour épier,
Elle a senti là-haut, dans ce treillis vert sombre,
Comme un sautillement ailé de petite ombre
Avec un cri devant sortir d’un petit bec :
Par instants, elle tire à demi, d’un coup sec,
Sa languette fourchue ainsi qu’une flammette,
Sibilant de façon à ce qu’elle n’émette
Aucun son trop strident qui la dénoncerait,
Prête à magnétiser : lorsque l’oiseau parait !
A peine vu qu’il est déjà sous l’affreux charme,
Le sifflement pointu répond au cri d’alarme,
Et la vipère impose à l’oiseau plein d’effroi
La fascination fixe de ses yeux froids.

(La Nature, pp. 25 à 27)

« Les Deux Orvets » est un poème de volupté ! Il n’y a peut-être que Rollinat pour le faire ! En un sonnet, il dresse la scène, pose les deux acteurs « tordus sur l’herbe rase / Et qui semblaient entre-croisés », les regarde s’aimer « Se pinçant à mi-corps de leur petite gueule, / L’un l’autre ils s’aspiraient dans ce mordillement ». Il en tire une morale étonnante pour ce couple : « L’emblème de l’amour si profond qu’il se tait, / Du grand amour sauvage et triste ! » Peut-être Rollinat pense-t-il indirectement à ses expériences et à son vécu personnel avec nostalgie ou regret ?

LES DEUX ORVETS

Un soir de mai, j’errais par des pays boisés,

Près de hauts buissons blancs pleins d’arome et d’extase,

Quand je vis deux orvets, tordus sur l’herbe rase

Et qui semblaient entre-croisés.

 

Se piquant à mi-corps de leur petite gueule,

L’un l’autre ils s’aspiraient dans ce mordillement,

Figés d’ivresse, au bord du vieux chemin dormant

Que déjà l’ombre éclairait seule.

 

Tableau de volupté ! mais d’un mystérieux,

D’un vague, d’un perdu, tel que jamais les yeux

N’en ont surpris à l’improviste !

 

Ce couple de serpents, à cette heure : c’était

L’emblème de l’amour si profond qu’il se tait,

Du grand amour sauvage et triste !

(La Nature, pp. 91 et 92)

Dans « Les Deux Venins », le frisson est rendu dès le début par « une vipère énorme » qui étrangle le « cou d’un champignon ». L’image est peu banale. Rollinat nous fait participer à cet étranglement presque humain qui est en réalité l’étreinte de « deux venins ».

LES DEUX VENINS

Près d’un gros champignon difforme
Ayant le bouffi du crapaud,
Ses rides, sa couleur de peau,
Médite une vipère énorme.

Sous le feuillage d’un grand orme
Tamisant le soleil de haut
Elle aspire, elle boit l’air chaud
En attendant qu’elle s’endorme.

Puis le prenant pour compagnon
De somme – au cou du champignon
Lente, elle fait sa ligature.

J’observe – et mes regards bénins
Sont émus par ces deux venins
Qui s’étreignent dans la Nature.

(La Nature, pp. 308 et 309)

Dans « Lézard d’hiver », ce reptile semble encore plus petit par contraste avec l’immensité du paysage mais c’est lui qui va être mis à l’honneur à côté d’un pauvre homme qui parle, rendant la scène encore plus vraie avec un humour noir à la Rollinat :

LÉZARD D’HIVER

En ce beau jour d’hiver qui joue au temps d’été,
Par l’extase de l’eau qu’un flamboiement irise,
Par l’azur cru du ciel, le velours de la brise,
Un tout petit lézard quitte sa cavité.

Presque illusionné, malgré l’herbe âpre et grise,
Se semblant à lui-même un peu ressuscité,
Il refrôle en stupeur de son train glissoté,
Un arbrisseau qui pèle, une mousse qui frise.

Mais vite refigé, tout roide, il reste à jeun
Devant les moucherons qui dansent comme en juin,
Et si bien sa torpeur léthargique l’emporte,
Qu’à mon pas, lui qu’un rien fait fuir si diligent,
Il demeure engourdi sur une feuille morte
Où la fiente d’oiseaux a mis son blanc d’argent.

Passe un pauvre à bissac qui dit : « L’ciel vous conserve ! »
Puis avec un accent bonhomique et narquois
Il ajoute en lorgnant la bête que j’observe :
« Y a pas ! Faut q’ça croupisse à l’époque des temps froids !
I’ s’est trompé d’saison ! C’est que’qjeune ! Si d’hazard
Les morts rentr’ pour un temps dans leur personne ancienne,
M’est avis qui doiv’ êtr’ caillés comme ce lézard,

Quand c’est la première fois qu’i r’viennent ! »

(Les Bêtes, pp. 41 et 42)

Rollinat appelle « Le petit Lézard gris », « L’âme des mètres de cailloux » qui est le premier et le dernier vers de ce poème comme pour fermer la boucle de cette délicate description, toute en douceur avec quelques étincelles de spleen et d’oppression typiques s’opposant à l’ensemble lumineux et doux.

LE PETIT LÉZARD GRIS

L’âme des mètres de cailloux,
C’est la rapiette charmante,
Glissant magique, sans froufrous,
Gracieux éclair qui les hante,
Ses flancs battant à petits coups,
Elle y brille et les diamante,
Les anime, les mouvemente.
Leur scintillement jaune et roux
D’un frisson lumineux s’augmente
Si peu qu’elle quitte ses trous.
On va, lourd piéton que tourmente
L’ennui poudreux des soleils fous,
Aux regards s’allonge opprimante,
Blanchâtre, entre des pays flous,
La grand’route où marquent vos clous.
Un lézard luit : tout s’agrémente,
Et vous bénissez d’un œil doux
L’âme des mètres de cailloux.

(Les Bêtes, pp. 43 et 44)

Dans Ruminations, Rollinat réfléchit aux soubresauts de l’âme humaine, à nos pulsions, nos pensées. Pour lui, tout est vain. Il en extrait une philosophie pessimiste entrant en résonance avec L’Abîme. Il nous présente une seule vision du serpent, inattendue, mêlée d’amour et de souffrance : « Deux tronçons de serpent, cherchant vainement à se rabouter, me font toujours songer à deux pauvres cœurs mutilés qui ne peuvent pas se rejoindre. » (p. 9)

Alliance d’ogre dévoreur et de mal aimé, le serpent a fasciné Maurice Rollinat. Il a su l’observer puis le présenter avec talent dans tous ses états, reptile se dorant au soleil ou se cachant ou s’accouplant ou chasseur bondissant, avalant sa proie. Rollinat l’a décrit tel qu’il est, sans l’embellir. Nous percevons son attirance, son admiration pour cette bête hors du commun qui réveille nos peurs ancestrales, celle de la mort et du mal. Rollinat veut tout exprimer pour être vrai sans pour cela omettre de rester fidèle à la beauté de la nature telle qu’elle est. Avec ses impressions personnelles, il réussit à réhabiliter le serpent, ce mal aimé.

 

Juin 2012 / Septembre 2012

 

Catherine RÉAULT-CROSNIER

 

 

Bibliographie :

Livres de Maurice Rollinat utilisés :

Rollinat Maurice, Les Névroses, G. Charpentier, Paris, 1883, 399 pages

Rollinat Maurice, Dans les Brandes, poèmes et rondels, G. Charpentier, Paris, 1883, 281 pages

Rollinat Maurice, L’Abîme, G. Charpentier et Cie, éditeurs, Paris, 1886, 292 pages

Rollinat Maurice, La Nature, poésies, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1892, 350 pages

Rollinat Maurice, Les Apparitions, G. Charpentier et E. Fasquelle, Paris, 1896, 310 pages

Maurice Rollinat, Ruminations – proses d’un solitaire, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1904, 296 pages

Maurice Rollinat, Les Bêtes, Bibliothèque Charpentier, E. Fasquelle, Paris, 1911, 234 pages

 

Autres documents :

Jean-Mary Couderc, Régis Miannay, Le Berry insolite, Éditions CLD, Tours, 2006, 192 pages

Gérard de Nerval, Les Chimères et les Cydalises, Librairie du Mercure de France, 1897, 58 pages

http://www.univers-nature.com/dossiers/salamandre.html

 

 

NB : Pour avoir plus d’informations sur Maurice Rollinat et l’Association des Amis de Maurice Rollinat, vous pouvez consulter sur le présent site, le dossier qui leur est consacré.