LA CHANSON DU VANNIER

 

(Extraits)

 

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

 

Brins d’osier, vous serez le lit frêle où la mère

Berce un petit enfant aux sons d’un vieux couplet ;

L’enfant, la lèvre encor toute blanche de lait,

S’endort en souriant dans sa couche légère.

 

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

 

Vous serez le panier plein de fraises vermeilles

Que les filles s’en vont cueillir dans les taillis.

Elles rentrent le soir, rieuses, au logis,

Et l’odeur des fruits mûrs s’exhale des corbeilles.

 

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

 

….

 

Et vous serez aussi, brins d’osier, l’humble claie

Où, quand le vieux vannier tombe et meurt, on l’étend

Tout prêt pour le cercueil. – Son convoi se répand,

Le soir, dans les sentiers où verdit l’oseraie.

 

Brins d’osier, brins d’osier,

Courbez-vous assouplis sous les doigts du vannier.

 

Extrait de " Le Chemin des bois "

 

André THEURIET

(1833 - 1907)

Né à Marly-le-Roi, André THEURIET travailla à Tours de 1859 à 1863, comme rédacteur à la Direction des Domaines. Il a habité rue de la Grandière à Tours. Certains de ses romans se déroulent en partie en Touraine, comme "Boisfleury", "L'Amoureux de la Préfète", "Eusèbe Lombard", "Le Fils Maugard", "Souvenirs des vertes saisons".  Le village de Villaines-les-Rochers lui a inspiré "La chanson du vannier". Il fut élu à l’Académie Française en 1896. Il fait partie de la dernière génération du Parnasse.

 

Une rue de Tours porte son nom.