"Mur de poésie de Tours" 2002 - Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LES OISEAUX

 

Janvier 1816

 

L’hiver redoublant ses ravages
Désole nos toits et nos champs ;
Les oiseaux sur d’autres rivages
Portent leurs amours et leurs chants.
Mais le calme d’un autre asile
Ne les rendra pas inconstants :
Les oiseaux que l’hiver exile
Reviendront avec le printemps.

À l’exil le sort les condamne,
Et plus qu’eux nous en gémissons !
Du palais et de la cabane
L’écho redisait leurs chansons.
Qu’ils aillent d’un bord plus tranquille
Charmer les heureux habitants.
Les oiseaux que l’hiver exile
Reviendront avec le printemps.

Oiseaux fixés sur cette plage,
Nous portons envie à leur sort.
Déjà plus d’un sombre nuage
S’élève et gronde au fond du Nord.
Heureux qui sur une aile agile
Peut s’éloigner quelques instants !
Les oiseaux que l’hiver exile
Reviendront avec le printemps.

Ils penseront à notre peine,
Et, l’orage enfin dissipé,
Ils reviendront sous le vieux chêne
Que tant de fois il a frappé.
Pour prédire au vallon fertile
De beaux jours alors plus constants,
Les oiseaux que l’hiver exile
Reviendront avec le printemps.

 

Pierre-Jean de BÉRANGER

(1780 - 1857)

 

Né à Paris, ce chansonnier français eut une immense popularité. Ses chansons d’inspiration patriotique et politique furent très connues comme « Le Roi d’Yvetot », « Le Dieu des bonnes gens », « La Grand-mère », … Destitué puis emprisonné, il fut exilé à Tours où il résida, d’après la tradition à l’hôtel Tourneguide, aujourd’hui démoli, en face de la chapelle Saint-Éloi. Puis il vécut à la Grenadière à Saint-Cyr-sur-Loire. Ayant quitté Tours, il habita à Fontenay-sous-Bois. Il mourut à Paris.

 

Précédemment appelé le Grand mail, le boulevard Béranger de Tours prit le nom du chansonnier du vivant de celui-ci.