"Mur de poésie de Tours" 2005

Poètes dont une rue de Tours porte le nom

 

LES FEMMES

 

Enfin bornant le cours de tes galanteries,
Alcippe, il est donc vrai, dans peu tu te maries ;
Sur l’argent, c’est tout dire, on est déjà d’accord ;
Ton beau-père futur vide son coffre-fort ;
Et déjà le notaire a, d’un style énergique,
Griffonné de ton joug l’instrument authentique.
C’est bien fait. Il est temps de fixer tes désirs :
Ainsi que ses chagrins l’hymen a ses plaisirs.
Quelle joie, en effet, quelle douceur extrême,
De se voir caressé d’une épouse qu’on aime !
De s’entendre appeler petit cœur, ou mon bon !
De voir autour de soi croître dans sa maison,
Sous les paisibles lois d’une agréable mère,
De petits citoyens dont on croit être père !
Quel charme, au moindre mal qui nous vient menacer,
De la voir aussitôt accourir, s’empresser,
S’effrayer d’un péril qui n’a point d’apparence,
Et souvent de douleur se pâmer par avance !
Car tu ne seras point de ces jaloux affreux,
Habiles à se rendre inquiets, malheureux,
Qui, tandis qu’une épouse à leurs yeux se désole,
Pensent toujours qu’un autre en secret la console.

(…)

 

Extrait de « Satires »

 

Nicolas BOILEAU, dit DESPRÉAUX

(1636 - 1711)

 

Né à Paris, cet écrivain français écrivit d’abord des poèmes satiriques à la manière d’Horace (« Satires ») puis moraux (« Épîtres »). Il fut un chef de file dans la querelle entre les Anciens et les Modernes. Il contribua à fixer l’idéal littéraire du classicisme (« Art poétique », « Le Lutrin »).

Une rue de Tours porte son nom.