5èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES

Vendredi 1er août 2003, de 17 h 30 à 19 h

 

Pierre de RONSARD

(1524 – 1585)

par Guy BACQUIÉ

uy BACQUIÉ lisant son texte sur RONSARD, lors des 5èmes Rencontres littéraires au jardin des Prébendes, à Tours, le 1er août 2003.

 

Sa vie :

D’une famille originaire de Hongrie qui s’est installée en France au XIVème siècle, Pierre de RONSARD naquit le 11 septembre 1524 au château de la Possonnière, en Vendômois.

Louis de RONSARD, son père, « très cultivé », développa chez ses enfants l’honneur et le goût des belles choses.

Pierre de RONSARD fait des études rapides au collège de Navarre. Destiné à la vie de Cour, il suit son père au camp de François Ier à Avignon. Il est attaché comme page au Dauphin. Il continue chez le duc d’Orléans (futur Henri II), puis avec Jacques V d’Écosse qu’il suit dans son pays. Il en revient pour se retrouver dans la maison d’Orléans.

En fait, à l’âge de dix-huit ans, c’est un gentilhomme mêlé à la vie diplomatique et aux fêtes de la Cour.

D’ailleurs, il fait bonne amitié avec Henri II, Charles IX et Henri III. Marguerite, fille de François Ier, Catherine de Médicis, Marie STUART pour n’en citer que quelques-uns.

Protégé et admiré, RONSARD fut comblé de présents et de bénéfices ; il fut titulaire de :

- l’abbaye de Bellozane,
- l’abbaye de Croix-Val,
- du Prieuré de Saint-Cosme-en-L’Isle près de Tours.

Il profite de ses loisirs pour étudier avec un de ses confrères, Antoine du Baïf ; n’ayant, bien sûr, pas quitté ses fonctions à la Cour.

Il traduit les auteurs latins et surtout grecs dont il fait des commentaires.

En 1548, le jeune Joachim du BELLAY vient le rejoindre. L’année suivante, la « Brigade » composée de RONSARD, DU BELLAY, DU BAÏF, JODELLE, BELLEAU, PONTUS DE THYARD et DAURAT prit naissance avant de s’appeler « LA PLÉIADE ».

Il aime beaucoup la campagne ; c’est ainsi qu’il séjourne à Saint-Cosme, à Croix-Val. Il aime la chasse, la musique et tous les arts.

Il écrit des poésies de circonstances dont voici les principales :

- Les Odes,
- Les Amours,
- Continuations des Amours,
- La Nouvelle Continuation des Amours,
- Les Élégies,
- Les Hymnes,
- Les Discours.

Il est considéré comme le Maître par les poètes français.

Lorsqu’il est atteint par la goutte, il devient morose, ne fréquente plus la Cour et ne touche presque plus ses pensions. Il rentre à Saint-Cosme, son lieu de prédilection, qu’il trouve fort plaisant, situé sur la rivière de la Loire. Il jouit de la dernière félicité avant de mourir en fin d’année 1585.

Sa mort est un deuil public. Son inhumation se fait dans l’église de Saint-Cosme mais en 1586, un service solennel est célébré à Paris par le cardinal Du PERRON (premier aumônier d’Henri IV).

C’est après sa mort que sa renommée décline. En 1650, d’illustres disciples comme Aggrippa D’AUBIGNÉ, Mathurin RÉGNIER, Théophile de VIAU, le défendent et enfin sa vraie réhabilitation se fera en 1827 par SAINTE-BEUVE.

 

Son œuvre :

On ne peut quitter Pierre de RONSARD sans avoir savouré certains clins d’œil de son œuvre.

Dans les Odes il nous fait percevoir la senteur de vers délicats et romantiques :

 

« Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu, cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.

(…) »

 

C’est à Cassandre qu’il a dédié cet écrit. C’est une pièce rajoutée au premier livre des Odes.

Dans les Amours, il aime séduire et versifier pour Marie DUPIN, l’humble paysanne de Bourgueil, qu’il rencontra lors d’une partie de chasse :

 

Sonnet à Marie :

« (…)
Marie, vous avés la joue aussi vermeille
Qu'une rose de Mai, vous avés les cheveus
De couleur de chastaigne, entrefrisés de neus,
Gentement tortillés tout-au-tour de l'oreille.
(…) »

 

Sonnets aussi à Hélène de SURGÈRES, jeune beauté de la Cour de la reine Catherine, qu’il compose dans la cinquantaine, à l’automne de sa vie :

« (…)
Je sens une douceur à conter impossible,
Dont ravy je jouys par le bien du penser,
Qu'homme ne peut escrire, ou langue prononcer,
Quand je baise ta main contre Amour invincible.
(…) »

 

Après les Amours, les Hymnes font un nouvel événement littéraire. L’« Hymne de la mort » nous fait effet d’être emporté par un petit cours :

« (…)
Je veux aller chercher quelque source sacrée
D'un ruisseau non touché, qui murmurant s'enfuit
Dedans un beau verger, loin de gens et de bruit,
Source que le soleil n'aura jamais connue,
(…) »

 

Les Élégies sont d’admirables morceaux. Il en a composé une pour Marie STUART dont voici quelques vers :

« Bien que le trait de votre belle face
Peinte en mon coeur par le temps ne s'efface,
Et que toujours je le porte imprimé
Comme un tableau vivement animé,
(…) »

 

Les Discours relèvent d’un satyrisme ; un RONSARD politique et patriotique. Il est voué à être poète courtisan et peu fait pour l’être ; il confesse à ODET DE COLIGNY dans son « Discours contre Fortune » :

« Boisané me devint le beau teint vermeil,
Et n’éternuait point regardant le soleil.
Depuis ce mauvais jour, plein de soin et d’envie,
De travaux courtisans, je tourmentais ma vie ;
Mon cœur, que le malheur par le doute ébranla,
Me promettant ceci et maintenant cela. »

 

Voilà un petit parcours de la vie de RONSARD, les traits principaux de son œuvre en de petits extraits. Un poète qui aura marqué son époque par son éclectisme littéraire. Nous l’allons le retrouver dans son poème bien vivant à nos mémoires :

« A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu, cette vêprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ! ses beautés laissé choir ;
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté. »