9èmes RENCONTRES LITTÉRAIRES
DANS LE JARDIN DES PRÉBENDES, À TOURS

Vendredi 24 août 2007, de 17 h 30 à 19 h

 

Paul SCARRON,

poète et romancier burlesque

(1610 - 1660)

Portrait de Paul SCARRON par Catherine RÉAULT-CROSNIER.

 

Intervention de Mme de Rosny, actuelle propriétaire du Château de La Vallière à Négron, à l’issue de la « rencontre »

 

Catherine Réault-Crosnier : (...) Je vais maintenant passer la parole à Madame de Rosny si elle veut nous dire un petit mot, si elle veut nous parler de ses connaissances parce qu’elle est une érudite, elle connaît à fond l’histoire du château et nous sommes très heureux de lui laisser la parole.

Mme de Rosny, le 24 août 2007, lors de la Rencontre littéraire dans le jardin des Prébendes, consacrée à Paul Scarron.

Madame de Rosny : Madame, vous me flattez beaucoup. Nous sommes revenus en 1984, dans cette propriété de famille qui a plutôt la taille d’une bonne maison que d’un château et qu’on pourrait appeler manoir plus logiquement. Mon mari avait pris sa retraite du commissariat à l’énergie atomique à Cadarache, avant nous habitions à Aix-en-Provence. Nous sommes donc revenus dans cette maison de famille qui, comme vous l’avez dit, a été achetée en 1595 par Marie-Claude Deplaix qui était la belle-mère de Scarron. C’était la deuxième femme de Paul Scarron Saint-Paul comme ils l’appelaient, parce qu’il terminait toujours ses harangues par une citation de saint Paul donc pour le distinguer de Paul Scarron fils, on l’appelait Paul Scarron Saint-Paul.

Nous sommes revenus en 1984 et nous avons repris cette maison dans un piteux état, il faut le dire, parce qu’elle avait été louée pendant cent soixante ans et que mon beau-père, en soixante ans de gérance, n’y avait passé qu’une nuit. Plus beaucoup de portes ne s’ouvraient, plus beaucoup de fenêtres ne se fermaient et il a fallu revoir tous les grands travaux d’électricité, de menuiserie, de chauffage, de plomberie, etc. Nous en sortons tout juste et nous sommes très contents d’y habiter. Nous avons constaté que cette maison s’enfonçait dans le sol parce qu’elle est dans la vallée de la Loire et que, quand nous avons fait une cheminée en arrivant, nous avons trouvé quarante centimètres plus bas, un premier carrelage et quatre-vingt centimètres plus bas, un deuxième carrelage, ce qui veut dire que les pièces sont très basses parce que la maison s’est probablement enfoncée.

En dehors de ça, Marie-Claude Deplaix a eu des problèmes avec son beau-fils, Paul Scarron. Je crois qu’ils se sont disputés. Il y a eu deux procès et Paul Scarron a fini par arracher La Vallière. Mais La Vallière était la propriété de la deuxième femme de Paul Scarron Saint-Paul, et donc des enfants du second mariage, pas du tout de Paul Scarron fils ni de sa sœur. Il y avait une sœur qui est devenue Madame de la Goupillière et qui a eu une fille qui est devenue Madame de Bridieu et comme vous l’avez dit tout à l’heure, les de Bridieu sont restés présents à La Vallière, sans l’habiter, jusqu’à la grand-mère de mon mari. Ce qui fait que mon mari est le vingt-cinquième propriétaire de La Vallière.

Inutile de vous dire qu’il y a eu beaucoup de transformations, qu’il n’y a pratiquement aucun souvenir de Scarron et que, comme vous l’avez dit, il a peu séjourné à La Vallière et je crois qu’il s’y est beaucoup ennuyé. Il avait reçu de l’argent et il attendait les marées favorables pour partir aux Îles avec Françoise d’Aubigné dont il espérait les connaissances pour l’aider aux Îles. Mais les Îles de Françoise d’Aubigné n’étaient pas les mêmes que les siennes. Ce n’est pas très grave mais ils avaient des notions de géographie un peu négligées. Ils sont repartis à Paris et on ne les a plus jamais revus à La Vallière dont ils devaient garder, je crois, un souvenir assez médiocre parce qu’ils n’étaient pas tellement campagnards ni l’un ni l’autre.

Cette maison, vous pouvez la voir de la rue, quand vous voulez. Vous pouvez demander à la visiter et on vous reçoit avec le plus grand plaisir. (Applaudissements)

Catherine Réault-Crosnier : Je pense que Scarron s’est peut-être un peu ennuyé à cause de la saison, parce que l’hiver, ce n’est pas la saison la plus propice. S’il avait passé l’été au château ou le printemps, peut-être que (…)

Madame de Rosny : Et il y a toujours eu beaucoup d’inondations. Je me rappelle que ma belle-mère montait les meubles au premier étage, on remontait les rideaux et on s’en allait. Et quand la Loire était repartie, on nettoyait, on rebaissait les rideaux et on descendait les meubles. C’est arrivé plusieurs fois en autres, en 1595 l’année de l’achat où il a été fait remise de toute une année de location au nouveau propriétaire et au fermier pour pouvoir se remettre de tous les dégâts causés par la Loire. Lors des dernières inondations, ma belle-mère me racontait que c’était au début du siècle, en 1904-5 ou 9. Il y a une pancarte à Vouvray d’ailleurs, avec la limite de l’inondation que l’eau avait atteinte dans la ville de Vouvray. On a à chaque fois, été mouillé.

Catherine Réault-Crosnier : C’est sûr que la proximité de la Loire a ses inconvénients. La Loire est très belle en été mais en effet, quand elle déborde, elle est dévastatrice. En tout cas, c’est vrai que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir le château ; j’ai apprécié de mieux connaître l’histoire sur les lieux où Scarron est passé même si ce n’est pas très, très longtemps. Merci.

 

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