Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Bibliothèque universelle et Revue suisse (Genève)

N° 52, avril 1883

Pages 178 et 179.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

CHRONIQUE PARISIENNE

(…)

(page 178) (…)

– Les Névroses de M. Maurice Rollinat (1 vol. Charpentier) sont, paraît-il, le plus grand succès de librairie qu’ait jamais eu poète français. Quinze cents exemplaires enlevés en deux jours, cela ne s’était pas vu de mémoire d’éditeur. On assure que les amis de M. Rollinat ont été moins satisfaits que le public. Ils avaient compté sur une épuration qui n’a pas été faite et il leur a été désagréable de penser que les quinze cents exemplaires étaient une affaire de scandale. Ils ont grondé, et M. Rollinat a promis de ne pas recommencer. A l’avenir il épurera. En attendant, l’effet est produit et il n’a pas été heureux. Trop est trop. Passe pour la pourriture et les odeurs cadavériques, puisque c’est le goût de l’auteur. A ce propos, je me permettrai de lui (page 179) recommander un tableau d’un peintre espagnol, Valdès, qui se trouve dans la chapelle de l’hôpital la Caridad, à Séville. Cela représente un archevêque dans son cercueil, dévoré par une légion de gros vers, et c’est d’un réalisme bien plus fort que celui de M. Rollinat. La pièce des Névroses intitulée Putréfaction, qui traite un sujet analogue, est d’une fadeur écœurante auprès du tableau de la Caridad. Vive Valdès ! Tant qu’à faire, voilà de la chimie organique sérieuse, étudiée sur nature, tandis que je parierais que M. Rollinat n’a seulement jamais vu un cadavre de six mois. Toujours les mêmes, ces naturalistes ! On nous promet de ne travailler que sur documents humains et on nous donne de la pourriture d’imagination.

Et c’est encore ce qu’il y a de plus propre dans le volume. Défiez-vous surtout des idylles champêtres de M. Rollinat ! Quand vous voyez qu’il va être question d’une scène rurale et d’innocents bestiaux, fermez le livre et attendez l’épuration ; c’est plus sûr.

 

 

Remarque de Régis Crosnier : Le tableau de Juan Valdès Leal évoqué dans l’article est certainement celui intitulé « Finis Gloriae Mundi ».