Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Figaro

Samedi 18 juin 1898

Page 3.

(Voir le texte d’origine sur Gallica)

 

 

NOTRE PAGE MUSICALE

 

En entendant citer M. Maurice Rollinat comme auteur de la musique de cette admirable Tristesse de la lune, de Baudelaire, beaucoup se demanderont s’il n’y a pas là une erreur, ou si, d’aventure, le poète serait devenu musicien ?

La vérité est que Maurice Rollinat n’a pas eu à devenir compositeur : il l’a toujours été. Mais un compositeur d’un tempérament tout particulier et d’une originalité trop singulière pour être du premier coup accessible à la foule.

Il ignore, en effet, la technique musicale et, en fait de règles, il ne connaît que celles que lui suggère sa fantaisie ; et, faut-il l’avouer, ce ne sont jamais les mêmes !

Rollinat n’en demeure pas moins un grand charmeur dont les formules musicales déroulent souvent, mais séduisent toujours.

Il s’attache à mettre en musique les poésies les plus subtiles, et, toujours tenté par l’expression de l’inexprimable, il a trouvé en quelque sorte une forme à lui, où il essaye de faire vivre son rêve d’art…

Cet art, sur lequel les techniciens font naturellement d’expresses réserves, produit néanmoins une impression dont on ne saurait nier l’intensité et au charme de laquelle n’ont su échapper des musicophobes comme Banville et Barbey d’Aurevilly. Jusqu’à ce jour, l’œuvre musicale de Rollinat était peu connue, mais on pourra l’applaudir très prochainement dans une soirée organisée par ses admirateurs et ses amis, et exclusivement consacrée à l’audition de ses mélodies.

René Lara.