Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS LA PRESSE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Le Petit Parisien

Mardi 3 novembre 1903

Page 2.

(Voir le texte d’origine sur Gallica.)

 

 

ÉCHOS

(…)

Il résulte d’informations nouvelles que le poète Maurice Rollinat se serait volontairement donné la mort.

Très affecté par la brusque fin de sa compagne, qui a succombé à la suite de circonstances particulièrement tragiques, l’auteur des Névroses se tira une balle de revolver qui traversa le menton, la bouche, perfora le palais et sortit un peu au-dessus des narines.

C’est dans cet état affreux que l’infortuné poète fut transporté à la maison de santé du docteur Moreau de Tours, à Ivry, où il rendait le dernier soupir précisément au moment où on croyait pouvoir le sauver.

(…)

 

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Ce texte est vraisemblablement inspiré du début de l’article de Raoul Aubry « Le suicide de Maurice Rollinat – Lettres inédites » paru dans Le Temps du 3 novembre 1903, page 3..

– 2 – On a souvent affirmé que la compagne de Maurice Rollinat (Cécile Pouettre) était morte de la rage. Les analyses faites à l’Institut Pasteur ont montré que le petit chien Thopsey qui l’avait mordue, n’était pas « enragé ». Entrée le 23 août 1903 dans une maison de santé située au 130, rue de la Glacière à Paris, elle décède le 24 août 1903 (voir Émile Vinchon, La vie de Maurice Rollinat, page 283). Les causes du décès ne sont pas connues mais sont certainement liées au fait qu’elle prenait de la morphine pour ses douleurs. Il est exact que Maurice Rollinat a été très affecté par ce décès.

– 3 – Maurice Rollinat s’est bien tiré une balle de révolver, mais cet acte n’est pas la cause de son décès. Le Docteur Dheur, médecin-adjoint de la maison de santé d’Ivry où Maurice Rollinat est décédé le 26 octobre 1903, a rompu le secret médical, certainement pour couper court à tous les faux bruits qui couraient, dans l’article « La mort de Rollinat » paru dans Le Matin : derniers télégrammes de la nuit du 3 novembre 1903, page 2, où on peut lire : « Il est exact que Rollinat se tira une balle dans la tête. Ce fut quelque temps avant d’entrer ici. Profondément affecté par une attaque d’entérite, il voulait se détruire. Mais le projectile, de six millimètres seulement, ressortit par une des fosses nasales, après avoir traversé la voûte palatine. Il en résulta une hémorragie peu grave. Lorsque Rollinat entra chez nous, la blessure était complètement cicatrisée. Il est aussi inexact de dire que Rollinat est mort dans un accès de folie que de prétendre qu’il a succombé aux suites de sa tentative de suicide. En réalité, Rollinat n’a jamais été privé d’aucune de ses facultés mentales. Il est mort d’un marasme physiologique contre lequel aucuns soins ne pouvaient prévaloir. »

– 4 – Maurice Rollinat est entré le 21 octobre 1903 à la maison de santé d’Ivry où il est décédé le 26 octobre 1903, vraisemblablement d’un cancer colorectal, un carcinome selon la terminologie de l’époque.