Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT DANS DES LIVRES

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

L.-G. Mostrailles, Têtes de Pipes avec 21 photographies par Émile Cohl, Léon Vanier Éditeur des Modernes, Paris, 1885, VII + 198 pages.

(Voir le livre d’origine sur Gallica.)

 

 

L.-G. MOSTRAILLES

TÊTES DE PIPES

Avec 21 Photographies par Émile Cohl

 

PARIS

LÉON VANIER, Éditeur des Modernes

19, Quai Saint-Michel, 19

1885

 

 

(page V)

 

PRÉFACE

 

L’explication-préambule qu’on trouvera plus loin avait pris place en tête de ces médaillonnets, quand ils parurent dans Lutèce par tranches hebdomadaires.

Comme on le verra, nous nous affublions là d’un masque de Bourgeois étranger aux Lettres, afin de permettre aux protestations, jugements furibonds (page VI) colères vertes, insinuations perfides d’éclore autour de nous en pleine liberté.

Le stratagème a réussi.

Ces Têtes de Pipes – nous avons été à même de le constater ainsi – nous ont aliéné plusieurs amis, ce qui ne nous gêne guère, et créé, par contre, un nombre respectable de bons ennemis, ce que nous recherchions avant tout.

Deux des portraicturés cependant ont poussé le ressentiment jusqu’à nous faire savoir que la publication, dans cet ouvrage, de leurs portraits photographiques leur serait infiniment désagréable.

Ce sont MM. Léon Tailhade et Laurent Cladel [il faut bien évidemment lire : Léon Cladel]. L’élégance provinciale et la négligence danubienne se sont rencontrées dans une commune et aveugle fureur iconoclaste.

En aimable confrère, nous nous som-(page VII)mes inclinés. Ces deux photographies ne figurent pas dans notre volume. Nous les avons remplacées par de petites vues instantanées, chefs-d’œuvre du photographe d’Art Émile Cohl, auquel nous devons également les dix-neuf autres photographies qui illustrent les Têtes de Pipes.

Ceci est une première série. Elle ne contient guère que des Jeunes. Le tour des Vieux viendra – bientôt.

L. G. M.

 

 

(page 9)

 

PRÉAMBULE-EXPLICATION

 

Bien qu’effrayé très justement de l’écrasante responsabilité d’une telle publication, l’auteur qui s’attend à toutes les revendications, l’entreprend avec la double prétention de faire du nouveau, d’abord, et, ensuite, de répondre non pas à un besoin, mais à une nécessité.

Qui plus est, il se croit assuré de l’approbation générale.

N’est-il pas vrai que c’est trop de pommade comme ça et qu’il n’est que temps – enfin – (page 10) de dire tout haut, des uns et des autres, ce que les autres pensent et disent tout bas des uns.

La confraternité littéraire ! Une belle foutaise !

Le « veuillez agréer, Monsieur et cher confrère, mes meilleurs sentiments de confraternité littéraire » est une simple et vaine formule tout au plus assimilable aux mille autres politesses auxquelles impriment un cours forcé les exigences sociales.

Confraternité littéraire ! considération distinguée ! Salutations empressées ! – Clichés ! Rabâchages ! Turlututus !

Le dédain que professent les poètes, principalement, celui-ci pour celui-là et celui-là pour celui-ci, n’est un mystère pour personne.

C’est pour cela que c’est mal les connaître que d’appeler les sociétés littéraires : sociétés d’admiration mutuelle.

De débinage mutuel, devrait-on dire.

(page 11)

C’est si vrai que les absents ont toujours tort dans ces petits clans où les vers se débitent par tranches, comme le roquefort, que personne n’ose sortir le premier de la réunion, par terreur d’être éreinté sitôt sa sortie par les bons petits camarades

Eh bien ! n’est-il pas temps de jouer cartes sur table ? N’est-il pas temps d’être franc un peu, quitte à mettre les pieds dans le plat. L’heure n’a-t-elle pas enfin sonné de se débiner tout haut, généreusement, une bonne fois pour toutes, ne fut-ce que pour apprendre aux naïfs qui croient encore à la camaraderie littéraire que si ce pétale est demeuré à la rose de leurs illusions il leur faut souffler dessus, comme sur les autres. Du reste ces courtes notes auront – peut-être – oh ! ne préjugeons de rien – deux excellents résultats : le débinage masqué – devenu inutile – s’en arrêtera, espérons-le, du coup ; elles affirmeront l’existence de ceux qui passeront devant l’objectif : Un éreintement (page 12) étant toujours une réclame ; une apologie presque jamais.

– Mais – va objecter un grincheux – de quel, droit me et nous jugez-vous ?

Du droit qu’a tout public de juger un homme de lettres qui écrit pour lui. Car je serai d’autant plus impartial que, absolument étranger aux lettres, aux luttes comme aux déceptions, aux rivalités comme aux jalousies des gens du métier, je puis prendre pour devise ce vers altier de Corbière :

L’art ne me connaît pas, je ne connais pas l’art.

D’ailleurs mon opinion n’engage que moi.

En fin de compte, je m’attends à être, par chaque portraituré, traité d’incompétent, vocable que la plupart raccourciront en un monosyllabe plus énergique dont les bienséances typographiques m’empêchent d’imprimer ici les (page 13) trois lettres irrévérencieuses. Que si, dans ce cas, il y a contusion faite à mon amour-propre de critique, je compte, pour le frictionner, sur le baume de cette certitude : si je soulève à chaque médaillon, les protestations de l’intéressé, j’aurai pour chacun, par contre, immanquablement, les félicitations des dix-neuf autres.

Et maintenant au rideau.

(…)

 

(page 24)

Photographie de Maurice Rollinat.

(page 25)

 

MAURICE ROLLINAT

 

Prédit par Barbey d’Aurevilly vers 188? (Un poète à l’horizon, constitutionnel) et découvert en l’an 1882 par Albert Wolff qui, d’enthousiasme, lui consacra, en première colonne du Figaro, un dithyrambe de plusieurs centaines de lignes.

C’était, lancées du coup, les Névroses, le dernier volume de Rollinat, titre pompeux et vaste s’affichant comme la monographie du siècle.

(page 26)

Donc, grand succès de librairie.

Les femmes, principalement, achetèrent, sournoisement, « cette horreur » s’attendant, sur la foi des articles, à des titillations d’une sensualité violente, compliquées de frissonnements d’épouvante, pour pimenter la grande banalité de leurs petits couchers. Aussi s’étonnèrent-elles de n’y trouver que des fadaises dans ce goût :

Le silence est l’âme des choses
Qui veulent garder leur secret.

Ou des découvertes documentaires de cet inattendu : une fromagère qui ne pue pas le fromage quand elle fait l’amour.

(page 27)

Stupéfiant !

Ou des macabrismes de cette intensité : L’Étang :

…………………………………………… 

Or, la lune qui point tout juste en ce moment,
Semble s’y regarder si fantastiquement
Que l’on dirait, à voir sa spectrale figure,

Son nez plat et le vague étrange de ses dents,
Une tête de mort éclairée en dedans
Qui viendrait se mirer dans une glace obscure.

(Oh ! j’ai peur !… Pourtant, je ne vois pas trop, anatomiquement, une tête de mort éclairée en dedans. Après tout, M. Rollinat n’a peut-être jamais vu le dedans d’une tête de mort.)

Lorsqu’elles constatèrent qu’outre cela, Rollinat avait l’originalité de (page 28) venir commenter les chats après Baudelaire, en vers de cette allure :

Je comprends que le chat ait frappé Baudelaire,

les petites dames, désappointées, firent la moue et jetèrent le volume.

Rollinat a eu quelque temps la côtelette facile. C’est ce dont abusèrent certains ventre-creux, et crâne idem, aux boulimies desquels sa salle à manger fut hospitalière. Voilà qui explique comment il fut un « génie » pour d’aucuns – ceux-là – au moins le temps de leur digestion. Ses thés d’autre part lui attirèrent une nombreuse « clientèle », non seulement à cause des vers qu’il récitait, mais aussi à (page 29) cause du rhum dont on les défadissait – à discrétion.

Les « musiciens » ont dit de lui :

– Parlez-moi du Rollinat poète, mais sa musique !… Il ne sait même pas l’orthographe !

De leur côté les « poètes » rugissaient :

– Rollinat un poète ! jamais de la vie. Un musicien curieux, je veux bien, mais ses vers ! ça n’existe pas ! Il n’a jamais su écrire.

Il faut ajouter toutefois que musiciens et poètes s’accordaient, parfois, sur un point. « Rollinat – avouaient-ils – est un diseur incomparable. »

Mais immédiatement le plus mince cabotin qui, d’aventure, assis-(page 30)tait à la… conversation, haussait méprisamment les épaules :

– Un diseur ! Rollinat ! Il gueule ! voilà tout.

Désabusé, désillusionné, écœuré, le poète des Névroses a quitté Paris. Il est allé dans le Berry, manger tout seul ses côtelettes.

Reviendra-t-il avec un nouveau livre ? Aura-t-il un nouvel article de M. Wolff ?

Le rhum recommencera-t-il de couler chez lui, à pleines tasses à thé, cependant qu’il remugira, à son piano, de nouvelles « mélodies » ?

(…)

 

(page 177)

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES

 

Après le réquisitoire, la défense.

A tous les portraiturés des Têtes de Pipes, nous avons adressé la lettre suivante :

Monsieur et cher Confrère,

Au moment de publier en volume cette première série de TÊTES DE PIPES que j’ai essayé de sculpter d’un ébauchoir indépendant, je serais heureux d’avoir votre opinion sur la ressemblance et l’exécution de votre médaillonnet.

Je vous serais donc reconnaissant de m’envoyer vos appréciations sue ce sujet.

Salutations confraternelles.

L.-G. Mostrailles

 

Voici les réponses :

(page 178) (…)

Cher Monsieur,

En matière de critique, j’ai toujours plaint les vipères ; c’est vous dire que je n’en veux pas aux couleuvres.

Maurice Rollinat

(…)

 

 

Remarques de Régis Crosnier :

– 1 – Vingt-deux « Têtes de Pipes » ont été publiées dans Lutèce de février à juillet 1885 (Fernand Icres, Maurice Rollinat, Émile Cohl, A. Willette, George Lorin, Edmond Haraucourt, Robert Caze, Laurent Tailhade, Francis Enne, Émile Peyrefort, Édouard Norès, E. Monin, Grenet-Dancourt, Georges Rall, Émile Goudeau, Léo Trézenik, Carolus Brio, Jean Rameau, Henri Beauclair, Jean Moréas, Paul Verlaine et Léon Cladel). Le présent livre regroupe vingt-et-un de ces portraits (ceux cités ci-dessus moins celui de Willette) accompagnés de photographies d’Émile Cohl.

– 2 – Dans Lutèce, Les « Têtes de Pipes » sont parues sans nom d’auteur mais avec comme signature un dessin représentant un double masque (Bi-Masque), c’est pourquoi dans le numéro daté du 12 au 19 avril 1885, on peut lire :

A PROPOS DES TÊTES DE PIPES

Nous recevons la lettre suivante :

Monsieur le Rédacteur,

Je lis Lutèce depuis sa fondation ; c’est pourquoi, en cette qualité de vieil habitué du journal, vieil ami, je pourrais dire, je me crois en droit de vous déclarer que vous vous êtes engagés dans une vois funeste, avec vos « têtes de pipes ». Je ne sais lequel de vous s’abrite sous ce bi-masque ou si c’est, comme il le prétend un étranger au journal et à l’Art. Je ne veux que juger le résultat, et il est mauvais.

Quel est votre but ? et où voulez-vous aller ? avec cet éreintement de chacun. L’éreintement est juste, je le veux bien, il ne sent pas le parti pris, j’y consens, mais quand même vous froisserez, qu’ils l’avouent ou non, tous ceux qui vont défiler sur la sellette.

Lutèce n’a-t-il pas mieux à faire ? N’est-ce pas au moins imprudent, sinon inutile, de tirer sur ses propres troupes, alors qu’il est, en littérature, tant de chinois et de tonkinois sur lesquels il y aurait plus de gloire et de profit à dépenser sa poudre…

Faites de ma lettre l’usage qu’il vous plaira et veuillez me croire, quand même, votre lecteur pour la vie,

Henri Justan.

Je remercie Monsieur Henri Justan de m’avoir fourni l’occasion de répondre :

1° Que comme il n’y aura que des amis dans les Têtes de Pipes, je persiste à penser que ce débinage est plutôt un service à eux rendu – Puisque c’est de la publicité – qu’un moyen de se les aliéner.

2° Que ceux qui se fâcheraient dans ces conditions sont des… naïfs et que, conséquemment, cette brouille nous laissera froids.

3° Qu’enfin (…)

Par rapport aux « Têtes de Pipes », le nom « L.-G. Mostrailles » apparaît pour la première fois dans le numéro de Lutèce du 12 au 19 juillet 1885, où page 1, il présente les « Pièces justificatives ».

– 3 – L.-G. Mostrailles est un pseudonyme derrière lequel se cachent Léo Trézenik (de son vrai nom Léon-Pierre-Marie Épinette), rédacteur en chef de Lutèce, et Georges Rall, secrétaire de rédaction du même journal. Vous remarquerez qu’ils se sont eux-mêmes caricaturés.

– 4 – La « Tête de Pipe » de Maurice Rollinat a été publiée dans Lutèce du 22 au 28 février 1885, pages 2 et 3. Il y a quelques petites différences, par exemple dans Lutèce, Mostrailles utilise le verbe « concédaient » au lieu de « avouaient » dans la phrase « Rollinat – avouaient-ils – est un diseur incomparable. » ; et les deux questions finales « That is the question ? Disent les anglais. Chi lo sa ? Insinuent les italiens » figurant dans Lutèce ont été supprimées. Les « Pièces justificatives » ont été publiées dans Lutèce du 12 au 19 juillet 1885, page 1.

– 5 – Dans le portrait de Maurice Rollinat, la première phrase évoque un article de Jules Barbey d’Aurevilly intitulé Rollinat – Un poète à l’horizon ! Celui-ci est paru dans le n° 17 de Lyon-Revue de novembre 1881 (pages 629 à 635). Il sera publié à nouveau dans Le Constitutionnel du 2 juin 1882, page 3, et dans Le Parnasse du 15 juin 1882, pages 4 à 6. L’auteur reprendra avec de légères modifications cet article pour constituer les points I à III (pages 321 à 331) de la partie consacrée à Maurice Rollinat dans son livre Les Œuvres et les Hommes – Les Poètes (Alphonse Lemerre éditeur, Paris, 1889, 361 pages).

– 6 – L’article d’Albert Wolff cité ensuite, est paru dans Le Figaro du jeudi 9 novembre 1882, page 1, sous le titre « Courrier de Paris », suite à la soirée chez Sarah Bernhardt du 5 novembre 1882. Des commentaires sur cet article ont été faits dans La Nouvelle Rive gauche du vendredi 17 novembre 1882, page 2, dans l’article « A travers la Rive gauche » signé « Saint-Michel » (sous ce pseudonyme, il est possible que ce soit Léo Trézenik ou Georges Rall).

– 7 – Les auteurs évoquent ensuite le livre Les Névroses de Maurice Rollinat. Léo Trézenik, sous le pseudonyme de Jean Mario, avait présenté ce recueil dans La Nouvelle Rive gauche, du 9 au 16 mars 1883. Il commençait son article par « Après les dithyrambes de la veille, les injustices du lendemain. C’était fatal. », puis il expliquait : « Dans le cas particulier de Maurice Rollinat, ces injustes retours ont leur explication. Le Diseur et le Musicien ont nui au Poète. Ceux qui l’avaient entendu déclamer ou chanter ses vers n’ont pas retrouvé en le lisant les irrésistibles sensations d’épouvante et d’attendrissement, les angoisses et les enthousiasmes, tous les frissons sentis en l’écoutant et de cela assurément Rollinat ne saurait être accusé. ». Il continuait en mettant en valeur les qualités du livre. On est alors loin du « débinage » de l’article des « Têtes de Pipes » lorsque les auteurs parlent des « petites dames ».

– 7 – « Rollinat a eu quelque temps la côtelette facile » écrivent les auteurs du livre. Il est un fait que Maurice Rollinat aimait recevoir ses amis dans son appartement notamment pour chanter et jouer pour eux ses poèmes. Quant à parler de « ventre-creux », de « boulimies » et de « salle à manger hospitalière », il y a un écart avec ce qu’ont écrit les autres témoins de cette époque parisienne de Maurice Rollinat. En ce qui concerne le rhum consommé lors des « thés » où Maurice Rollinat était invité à chanter, nous n’avons pas de preuve dans ce sens, Maurice Rollinat ayant plutôt la réputation d’un buveur d’eau. Voici deux témoignages, celui de Guillaume Livet (dans son article « Rollinat » paru dans Le Voltaire du 25 novembre 1882, page 1) :

« Je me souviens de lui à cette époque ; (…) nous allions chez lui alors, rue Saint-Jacques ; on s’asseyait par terre, faute de sièges ; il y avait là Richepin, Bouchor, Goudeau, Ponchon, Harry Alis, G. Lorin, Ch. Cros et quelques autres, – puis, plus tard, Guy de Maupassant et Champsaur, parfois notre pauvre ami Gill, – on disait des vers, toute la nuit, en buvant de l’eau, de l’eau pure ; les autres consommations étaient trop chères ! »

et celui de Gabrielle Delzant, daté de 1882, extrait des Lettres de Gabrielle Delzant, publiées en 1906 par Louis Loviot chez Hachette, pp. 127-128 :

« Aussi gueux que Gringoire, il habite une chambre unique, à Montmartre, sans meubles, sans rideaux, et il reçoit là ses amis, chaque semaine, avec des verres d’eau fraîche pour rafraîchissements. »

– 8 – Quand les auteurs écrivent « Parlez-moi du Rollinat poète, mais sa musique !… Il ne sait même pas l’orthographe ! », il ne faut pas oublier que Maurice Rollinat a appris le piano enfant et qu’il en a joué toute sa vie. Quant à l’expression « Il gueule ! », il faut avoir à l’esprit, qu’aussi bien aux Hydropathes qu’au Chat Noir ou dans tout autre lieu public, il y avait beaucoup de bruit et que si on voulait se faire entendre, il fallait avoir une certaine puissance vocale qui, en aucun cas, ne peut être assimilée au terme utilisé.

Plus tard, d’autres auteurs parleront aussi de l’opposition entre poète et musicien, par exemple Sutter-Laumann dans son article « Maurice Rollinat » paru dans L’Intransigeant du 19 janvier 1892, page 2 :

« C’est un poète, mais ce n’est pas un musicien », disaient les musiciens ; « c’est un musicien, oui, mais non pas un poète », répliquaient les poètes. « Lui seul peut dire ses vers », ajoutaient ceux-ci. « Sa musique ne vaut qu’autant qu’elle est chantée par lui », concluaient ceux-là. »

– 9 – En ce qui concerne les relations de Maurice Rollinat avec les responsables de cette publication, on peut noter qu’un seul poème a été publié dans La Nouvelle Rive gauche (« Le Bourreau monomane » dans le numéro du 19 au 26 janvier 1883). Régis Miannay, en conclusion d’une note relative aux articles concernant Maurice Rollinat parus en 1885 dans Lutèce, écrit : « Le poète, bien que son nom figurât parmi les collaborateurs de Lutèce, avait décidé depuis longtemps de ne rien y publier, ce qui explique certainement l’animosité de certains rédacteurs de la revue. » (note 115, page 458 de Maurice Rollinat, Poète et Musicien du Fantastique, Imprimerie Badel, Châteauroux, 1981, XVII + 596 pages).

– 10 – Néanmoins, Léo Trézenick et Georges Rall aiment bien Maurice Rollinat car dans la présentation du livre L’Abîme de Maurice Rollinat, parue dans Lutèce du 1er au 8 mai 1886, ils écrivent : « C’est le digne pendant des Névroses que sous le titre L’abîme la Bibliothèque Charpentier publie aujourd’hui. Maurice Rollinat y déploie ses qualités de grand poète et d’excellent disséqueur de l’âme humaine, de ses faiblesses et de ses passions. »