Dossier Maurice Rollinat

 

MAURICE ROLLINAT

(1846 - 1903)

 

BIOGRAPHIE SUCCINCTE

Portrait de Maurice Rollinat par Catherine Réault-Crosnier.

 

Maurice Rollinat est né le 29 décembre 1846 à Châteauroux. Son père, avocat, est un grand ami de George Sand. Sa tante Julie Didion est sa marraine (non pas George Sand, comme on l’a souvent prétendu). Il fait ses études à Châteauroux et retourne chaque été, pour les vacances, dans le domaine familial de Bel-Air (acquis par son père en 1850), au Buret, sur la commune de Ceaulmont.

La maison natale de Maurice Rollinat à Châteauroux.

La maison natale de Maurice Rollinat à Châteauroux

Clerc à Châteauroux, puis à Orléans (en 1867, année où meurt son père), il gagne Paris à la veille de la guerre qui le ramène à Châteauroux. Grâce à George Sand et Emmanuel Arago, il obtient d’entrer dans les bureaux de l’Hôtel de Ville. Il rêve d’être édité ; George Sand l’encourage mais l’exhorte à écrire plutôt des poésies pour les enfants. Mais le sombre est déjà la teinte indélébile de son âme. Il publie des poésies dans diverses revues, collabore à un recueil tiré à un petit nombre d’exemplaires, Les Dixains réalistes (1876) et figure, la même année, dans Le Parnasse contemporain avec « Les Cheveux ». En 1877, il réussit à faire paraître, mais à compte d’auteur, Dans les Brandes, son premier recueil.

Le 19 janvier 1878, Maurice Rollinat épouse Marie Sérullaz. Revenu à Paris, il fréquente un milieu bohème d’artistes et d’écrivains. Il adhère au club des Hydropathes d’Émile Goudeau et commence à se tailler dans les salons et les cafés, un extraordinaire succès de pianiste et de chanteur, ce qui lui vaut un article retentissant de Barbey d’Aurevilly dans Le Constitutionnel et, au lendemain d’une soirée chez Sarah Bernhardt, un autre article, non moins retentissant, d’Albert Wolff dans Le Figaro. Quand Les Névroses paraissent enfin, éditées par Charpentier, c’est la gloire. Et en même temps une campagne de dénigrement, où est dénoncé le cabotin, le plagiaire de Poe et de Baudelaire. Marie ne supporte pas ses fréquentations littéraires et ils se séparent définitivement. Il quitte alors Paris.

Le 11 septembre 1883, accompagné d’une comédienne, Cécile de Gournay (Pouettre de son vrai nom), il s’installe à Puy-Guillon, sur la commune de Fresselines, où le couple passera tout l’hiver, puis, en mars 1884, à la Pouge, humble demeure paysanne située à la sortie du village. Pendant près de vingt ans, le poète va mener une vie retirée, recevant en toute simplicité ses hôtes des alentours et aussi des Parisiens. Claude Monet y vient de février à mai 1889 et en rapportera vingt-trois toiles. À la Pouge, vont être composés plusieurs autres recueils de poésies, marqués encore du goût de l’étrange, mais aussi des effets apaisants de la campagne creusoise : L’Abîme (1886), La Nature (1892), Les Apparitions (1896), Paysages et Paysans (1899), et un livre en prose En Errant (1903). Rollinat poursuit ses compositions musicales éditées par Heugel. Mais son état de santé se dégrade. En 1903, Cécile meurt. Rollinat tente alors par deux fois de se suicider. Le 21 octobre, il est transporté à Ivry dans la clinique du Docteur Moreau de Tours ; il y décède cinq jours après, d’un cancer et non, comme on l’a dit, d’un accès de folie. Il est inhumé à Châteauroux, au cimetière Saint-Denis. Il laisse d’importants inédits que Fasquelle publiera peu à peu : Ruminations (1904), Les Bêtes (1911) et Fin d’Œuvre (1919).

Au XXème siècle, ses poèmes ont longtemps continué à être appris dans les écoles et en ce début de XXIème siècle, il y a toujours des étudiants qui choisissent Maurice Rollinat pour un mémoire ou une thèse ; il y a aussi des sites Internet qui décrivent cet homme et son époque, prouvant que malgré un apparent délaissement, Maurice Rollinat retient toujours l’attention de chercheurs, de collectionneurs et d’amoureux de la poésie. Et bien sûr, il y a l’association des Amis de Maurice Rollinat qui entretient son souvenir par des manifestations, un prix de poésie et l’édition d’un Bulletin annuel d’environ cent-cinquante pages.

Régis Miannay et Catherine Réault-Crosnier